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Augmentation des taxes poubelles et concurrence entre monopoles


Derrière les douloureuses augmentations des taxes poubelles, la privatisation de la collecte et la concurrence des monopoles privés. Luttons pour un service public exclusif de la collecte et du traitement des déchets


L’année qui vient de se terminer fut particulièrement éprouvante financièrement pour de nombreuses familles de travailleurs : pertes d’emplois, réduction de 30% du salaire en raison du chômage temporaire… Comme si cela ne suffisait pas, une autre mauvaise nouvelle allait s‘ajouter en fin d’année : l’augmentation de la taxe de prélèvement des immondices. En région liégeoise, on peut au moins citer les villes de Liège (dirigée par une coalition PS-MR menée par Willy Demeyer, également président de l’Intercommunale Intradel) et Seraing ainsi que Verviers. Que cette taxe soit appelée «taxe urbaine sur les déchets» ou «taxe annuelle sur la collecte et le traitement des déchets ménagers et assimilés», ces augmentations décidées un an plus tôt n’en furent pas moins un coup dur : à Liège, elle passe de 85 à 100€ pour les isolés, et de 140 à 165€ pour les ménages, à Verviers de 160 à 190 euros et à Seraing, elle augmente de 50 euros.


Comment en est-on arrivé-là ? Le problème des poubelles, déchets verts et autres gros encombrants, déchets dangereux (moteurs, toitures, et.) nous ramène inexorablement à la privatisation à grande échelle des services publics (énergie, gaz, électricité, transports, etc.). Ceux-ci depuis des décennies n’ont cessé d’être rabotés au profit du privé et d’une politique de répression. Le nombre de collectes a diminué, poussant à la création de nouveaux dépôts clandestins qui sont réprimés. Au lieu de reprendre le contrôle sur la collecte des déchets, c’est l’installation de caméras qui devient courante pour criminaliser et rejeter la faute sur la responsabilité individuelle de la dégradation d’un service qui devrait être public. De l’autre côté, il est intéressant de voir qui est derrière ces opérateurs et de savoir contre qui on lutte !

On connaît l’intercommunale Intradel qui valorise les déchets mais qui se cache derrière les opérateurs et les camions-poubelles. Depuis deux ans, on a l’habitude de voir le logo de Renewi à Liège. Avant c’était les camions Shanks qui effectuaient la collecte, tandis qu’à Seraing, il s’agit pour partie de Veolia. On ne sait rien des contrats entre Intradel et ces groupes privés mais ce qu’on peut voir, c’est l’argent en jeu et la concentration de capital.

Shanks a en fait racheté Van Gansewinkel, groupe néerlandais qui était actif à Bruxelles en 2017 pour 432 millions d’euros. De là est né le monopole Renewi qui affirme clairement ses objectifs : «Nous axons nos activités sur la création de valeur à partir des déchets. Nous ambitionnons la position de leader en matière de valorisation des déchets, en contribuant à une société durable pour nos principales parties prenantes : clients, collaborateurs, collectivités locales et nos actionnaires.» Du greenwashing qui cache difficilement leur seul intérêt : le profit. (greenwashing = donner une apparence écologique à du gros business).


Qu’en est-il de Veolia ? Veolia est un monopole «issu du développement de la Compagnie Générale des Eaux (CGE) dans d’autres secteurs d’activités (la gestion des déchets, l’énergie, les transports, la construction et l’immobilier) de 1976 à 1996. La CGE devient le groupe Vivendi en 1998 et se développe grâce à la destruction continue des services publics au cours de la fin des années 90 et du début des années 2000, et notamment dans l’audiovisuel, avec la première chaine payante de France (Canal+), dans les télécommunications avec SFR et Cegetel, ainsi que dans l’énergie avec Dalkia. Au cours des années 2000, le désengagement progressif du groupe Vivendi de son pôle environnement, recentré sur l’eau et les services aux collectivités, donnera naissance à Veolia.» Nous reprenons ici des éléments de l’analyse du Parti Communiste Révolutionnaire de France (PCRF) consultables sur le site : OPA Véolia / Suez : NON à la loi des monopoles casseurs d'emplois ! - Parti Communiste Révolutionnaire de France (pcrf-ic.fr). En août dernier, Veolia, également présent en Flandre, notamment à Malines (ils ont sponsorisé le stade du KV Mechelen de 2006 à 2009) a lancé une OPA sur GDF-Suez. Veolia vise à créer un grand monopole de l’eau, de la propreté et des services énergétiques


En pleine crise capitaliste de surcapacité, les monopoles se recentrent sur certains secteurs d’activité et cèdent d’autres activités à des concurrents plus compétitifs. Le projet de Veolia aura des conséquences sur la pérennité de certains sites et surtout de l’emploi, notamment chez Engie (Electrabel), qui est une branche de GDF-Suez. Inquiets par ces opérations entre monopoles français, les travailleurs d’Engie avaient d’ailleurs manifesté en octobre dernier devant le siège d’Engie.

Il reste évidemment plein de questions mais deux choses sont sûres : premièrement, la lutte qui est menée et doit être menée pour un monopole public exclusif de la collecte et du traitement des déchets concerne tous les travailleurs, et deuxièmement, cette lutte sera internationale.


Seul l'objectif de lutte visant l'expropriation des capitalistes et la lutte pour mettre la gestion entre les mains des travailleurs est dans l'intérêt des travailleurs. Selon le PCB-CPB, la "nationalisation" est trompeuse, certainement si elle est formulée comme une "demande" ou “revendication”.

La lutte pour l'expropriation du capital est avant tout une lutte contre l'Etat bourgeois, qui protège les rapports de production capitalistes et l'exploitation associée avec ces rapports capitalistes de production par sa légalité et sa répression. Puisque les lignes de production capitalistes traversent les frontières, une lutte pour l’expropriation sera efficace si elle est menée internationalement par la classe ouvrière.


Sans contenu concret, la « nationalisation » n'est pas un objectif valable de lutte. Alors que la lutte pour l’expropriation se développera dans une direction révolutionnaire, la bourgeoisie et les forces réformistes qui joueront leur rôle bourgeois en se mettant à la tête de ce mouvement de lutte aux « vues radicales », envisageront eux-mêmes la « nationalisation ». …. Rien que pour atténuer l’élan révolutionnaire que pourrait prendre la lutte de classe … Mais alors la “nationalisation”, par quelle “Nation” cela sera-t-il fait : l’état bourgeois impérialiste “France” ou “Belgique” ? En plus une fausse nationalisation car « l'Europe ne veut pas », donc que l'état revendra à bas prix au privé une fois qu'il aura « nettoyé l'entreprise ? Par exemple comme ils l'ont fait avec Cockerill-Sambre qui appartenait à plus de 90% à la Région Wallonne.

Qui paiera l'argent pour les investissements nécessaires qui viendront ensuite à cette entreprise « nationalisée » pour les infrastructures, les machines et autres équipements à travers des offres aux entreprises privées (qui sont AUSSI des monopoles) ? L’état bourgeois (impérialiste), « propriétaire » de l'entreprise nationalisée obtiendra cet argent des travailleurs, par des plans d’austérité, diminution des salaire,etc. dans lesquelles les forces réformistes seront complices.


La nationalisation bourgeoise peut temporairement donner aux travailleurs l'occasion de regrouper leurs forces si l'entreprise est temporairement retirée des mains du capital financier spéculatif international qui, pour faire les plus grands profits à court terme, sacrifie des pans entiers de secteurs industriels ou de services. Ce fut le cas, par exemple, à Cockerill à Liège, honteusement liquidée par Mittal et la Région Wallonne. Mais les ouvriers devront finalement lutter contre l'exploitation capitaliste précisément parce que le caractère de classe de l'Etat est bourgeois.

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