La semaine dernière, la SNCB annonçait la fermeture de 44 guichets et la réduction des horaires de 37 autres, sur l’ensemble du territoire. En région liégeoise sont principalement concernées les gares d’Ans (fermeture des guichets) et Huy (réduction des horaires). Depuis lors, tous les partis bourgeois s’offusquent alors que la situation n’est pas nouvelle et qu’ils ont pris la décision au CA de la SNCB.
Ce plan constitue la suite de la casse du service public ferroviaire en cours depuis plusieurs dizaines d’années et en particulier depuis le premier paquet ferroviaire de l’Union européenne de 1991 qui vise à la privatisation du service public ferroviaire. D’une SNCB publique et intégrée, la bourgeoisie a d’abord privatisé la division marchandises la plus rentable. La SNCB a été progressivement démantelée et les logiques du management se sont imposées : réduction du personnel (de 70000 agents en 1980 à 35000 aujourd’hui), séparation du réseau (infrabel) et du transport de voyageurs, fermetures de lignes jugées non rentables, surtout en zones rurales, fermetures de guichets et de gares. Déjà dans les années 90, en région liégeoise, on peut citer la gare de Tilleur sur la dorsale wallonne fermée en 1993 (ironie, la gare est toujours la destination du bus 61 depuis la place saint lambert) ou encore la gare d’Engis toujours sur la dorsale wallonne transformée en PANG (Point d’arrêt non géré) en 1994. D’autres fermetures de gare et guichets ont succédé par vagues depuis lors : en 2013, les gares de Herstal et d’Angleur sont devenues des PANG, en 2015, c’était au tour de Flémalle-Haute et de Pepinster. Dans les mêmes années 2010, la gare de Vielsalm était aussi fermée.
Chaque fois, c’est le même discours des partis bourgeois sur la nécessité et l’adaptation à la société et sur les mesures prétendument d’accompagnement pour aider ceux qui ne savent pas utiliser les bornes. C’est le même discours dans tous les services (postes, banques, cliniques...) qui conduit à la privatisation de certains éléments, l’appauvrissement de ce qui reste dans le giron public et à terme la désertification du territoire. Il y a une déshumanisation et les anciennes gares deviennent des lieux peu sûrs. Cette casse du service est cachée vainement par des chantiers pharaoniques de gares qui coûtent des centaines de millions à la collectivité. C'est l'arbre qui cache la forêt en train d'être déboisée. Après avoir démantelé le réseau ferroviaire et détruit la mobilité, les ministres se vantent alors quelques années plus tard de créer des Ravel sur le tracé d’anciennes lignes désaffectées…
Dans l’annonce qui vient d’être faite, les contradictions du ministre Gilkinet, qui a soi-disant obtenu un compromis qui confirme en fait la fermeture des guichets et le remplacement du service public par de l’associatif, démontrent la réalité du système et les injonctions libérales de l'union européenne depuis les plans de libéralisation et de privatisation. Et tandis que le service continue à se dégrader, les tarifs, eux, continuent à augmenter.
Il n'y aura pas de service de qualité dans ce système. Il n'y a pas d'issue dans ce système pour répondre à nos besoins, à un accueil de qualité pour le public. C’est par la lutte que nous défendrons le service public ! Pour un monopole public et intégré du rail, pour le maintien et la réouverture des gares de proximité, pour le retour de la division marchandises et logistique dans le giron public !
(Photo de la gare de Tilleur depuis sa fermeture)
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