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AUX TRAVAILLEURS RÉCLAMANT DU PAIN, LE GOUVERNEMENT ENVOIE DES BALLES

Ce samedi 10 juillet, nous avons rendu hommage à Louis Tayenne assassiné en 1932. Nous nous sommes ensuite rendus sur les tombes des soldats et prisonniers de guerre soviétiques tués pendant la seconde guerre à Marchienne-au-Pont.

Retrouvez ici l'intervention complète de notre secrétaire politique :


"chers camarades, C'est le 10 juillet, il y a 89 ans que notre camarade Louis Tayenne est tombé sous les balles de la gendarmerie à Marchienne. C'était lors de la grande grève de l'été 32 contre la misère et le chômage de masse qui suivait la crise de surproduction de la fin des années 20.

"aux travailleurs réclamant du pain, le gouvernement envoie des balles"

C'est que le Secours Rouge International (SRI) répétait inlassablement pendant la grève et c'est ce qui est arrivé à Louis Tayenne qui était membre du Parti Communiste et du SRI. Il devenait ainsi un martyr de notre classe mais camarades, nous ne sommes pas ici pour commémorer pour le simple fait de commémorer mais nous commémorons parce que l'histoire de notre classe et de ses luttes nous apprend énormément.

Nous commémorons parce que nous célébrons cette année le centenaire du parti communiste, 100 as de lutte pour l'émancipation des travailleurs et pour le socialisme et que c'est vraiment en 1932 que le parti s'est développé et renforcé.

Nous commémorons Louis Tayenne et rendons hommage à tous les grévistes parce que la lutte de l'été 32 et la répression qui s'en suivit sont celles d'aujourd'hui et de demain.

Nous commémorons enfin pour tirer des conclusions pour nous donner de la force et de la détermination dans le combat actuel. Revenons à ce qui a précipité la lutte des travailleurs eux-mêmes avec le soutien du Parti Communiste contre la volonté des syndicats réformistes du POB qui s'était déjà compromis dans les gouvernements bourgeois entre 1914-1921 et 1925-1927.

Fin des années 20, le système capitaliste est une nouvelle fois en crise et en Belgique elle se ressent surtout dans les mines, la métallurgie et le verre. Les stocks s'accumulent : de 497000 tonnes de charbon en 1930, on est à plus de 4 millions en 1932. Les stocks ont décuplé en 2 ans. Nous étions face à une véritable crise de surproduction. Comme toujours le patronat qui est prompt à geindre et gémir a fait peser la crise sur les travailleurs.

Camarades, il faut bien comprendre que crise de surproduction signifie chômage de masse et licenciements massifs. Ainsi fin 1930, il y avait 60000 chômeurs complets et 120000 partiels. En 1931, les chiffres avaient doublés avec près de 120000 chômeurs complets. Et dans les années qui suivirent la grève, en 33/34/35, on comptait plus de 200000 chômeurs. Et on ne tient pas compte des travailleurs qui se retrouvent sans rien parce qu'ils n'ont pas souscrit à une assurance-chômage car la sécu n'existait pas encore.

À ces terribles conditions, il faut ajouter la déflation salariale. On parle de 10 à 30% de perte de pouvoir d'achat chez les mineurs du borinage. C'est dans la misère du borinage, filmé par Henri Storck, Joris Ivens et Jean Fonteyne, que tout commence quand le patronat veut une nouvelle fois réduire les salaires et que 484 mineurs du Levant sont licenciés.

Les travailleurs avaient compris qu'ils n'avaient plus que leurs chaînes à perdre.

La grève commence pour la réintégration dans le hainaut et s'étend à Liège et dans le Limbourg. Comme chaque fois, le POB est dépassé par sa base, par une grève dont il ne veut pas. Il finit par la soutenir avec réticence en s'opposant aux prétendus "agitateurs". Camarades, c'est bien du Parti Communiste dont il s'agit, le Parti COmmuniste qui soutient la grève dès le début, soutient l'extension et le durcissement de la grève. Le parti fait corps avec les masses et il utilise tous les moyens possibles. Dans le DR, il appelle les cheminots à ne pas transporter les gendarmes. Il défend le front unique à la base et agite avec la Centrale Révolutionnaire des Mineurs et l'Opposition Syndicale Révolutionnaire. Il relaie au parlement par Jacquemotte, protégé par son immunité parlementaire, les revendications ouvrières : retrait des baisses de salaire et semaine de 40h, tandis que le POB vote avec les partis bourgeois la paix sociale en échange de concessions gouvernementales et patronales sans engagement. Le POB est soutenu par les syndicats réformistes qui appellent en assemblée à la reprise du travail. Les travailleurs votent majoritairement pour la poursuite de la grève.

Camarades, les travailleurs déterminés avaient compris où se trouvaient leurs alliés et la bourgeoisie savait qui elle devait éliminer : les communistes ! Le DR et l'Humanité sont interdits. Julien Lahaut est arrêté pour complot avec d'autres dirigeants du Parti.

Les forces réformistes ne savent plus contenir la colère et l'action des travailleurs. Comme en 1886, un château brûle, cette fois c'est celui du directeur des usines métallurgiques à Marchienne. Le POB perçu comme un collaborateur de classe ne savait non seulement plus contenir mais devint même la cible de la colère des travailleurs à tel point que c'est la gendarmerie qui protège les maisons du peuple.

Camarades, il faut ajouter que dans cette grève, les femmes ont joué un rôle essentiel : elles ont organisé des manifestations, elles ont fait le tour des puits et des usines pour appeler à l'arrêt du travail.

Pour mener à bien cette tâche, une nécessaire solidarité devait s'enclencher et s'organiser. C'est là qu'intervient le SRI dont Tayenne était membre. Il organiser l'accueil des enfants des grévistes à l'étranger, dans une véritable solidarité prolétarienne. Il assure la défense des grévistes et des communistes arrêtés et exige leur libération comme il a lancé un peu plus tard une campagne pour la libération de Thälmann, leader du KPD emprisonné par les nazis.

C'est là la 1e conclusion que nous devons tirer aujourd'hui : nous avons toujours besoin d'une organisation d'aide et de solidarité internationale. Hier, nous apprenions que les communistes allemands étaient de nouveau la cible des forces de la réaction. La nouvelle leur interdiction de participer aux élections en septembre prochain et la levée de leur statut de parti nécessitent de notre part la plus grande solidarité. C'est bien les luttes populaires et le communisme qui font peur au Capital.

Camarades, une deuxième conclusion s'impose : la nécessité de lutter contre le réformisme et l'opportunisme dans nos organisations syndicales, d'avoir un courant syndical révolutionnaire, la nécessité d'un syndicat de classe et de masse.

Ces questions sont toujours centrales dans le mouvement ouvrier, en Belgique, ou en France. En témoigne le texte de réformistes assumés de la CGT daté du 23 juin qui appelle Philippe Martinez à liquider un secrétaire départemental et ceux qui veulent qui un retour à la Fédération Syndicale Mondiale. Les parallèles avec la Commission syndicale du POB d'hier et le syndicalisme d'aujourd'hui sont évidents. En 1924, la Commission syndicale avait déjà exclu les communistes avec la motion Mertens. En 32, face à la trahison des syndicats réformistes, des mineurs avaient déchirés leur livret du syndicat et ils ont poursuivi la grève jusqu'au 10 septembre pour l'augmentation des salaires.

De là, nous pouvons tirer une 3e conclusion : quelle agitation et quels mots d'ordre? On a vu, camarades, comment le POB a essayé de casser la grève qu'il ne voulait en négociant au parlement. Hier comme aujourd'hui, on ne peut pas crier victoire quand il y a encore des travailleurs qui sont licenciés. Un travailleur sur le carreau, c'est un camarade de trop. En 32, les mineurs luttaient pour le réembauchage complet. On ne peut parler à nos camarades de lutte qu'avec des mots d'ordre de lutte clairs : jusqu'à la réintégration des camarades comme les travailleurs affiliés à SI.Cobas en Italie dans le secteur de la logistique et qui doivent faire face aux organisations syndicales désormais totalement intégrées au système comme la CGIL.

On ne peut pas accepter qu'il n'y ait plus que 157 travailleurs licenciés chez Fedex à Liège sur les 600 initialement prévus.

On ne peut pas accepter qu'il n'y ait plus que 15 au lieu des 33 chez Shur-Lock.

On ne peut pas semer des illusions. Les conditions pour ceux qui restent seront dégradées et seule une lutte frontale contre le capital pourra être victorieuse.

Enfin, il reste un élément essentiel à retenir des grèves de 1932 : la nécessité de défendre les travailleurs sans emploi et de lutter pour la défense et le renforcement de la sécu.

Camarades, la grève de l'été 32 fut un moment important dans l'histoire du mouvement ouvrier en Belgique, un moment où le parti encore jeune s'est considérablement développé et renforcé. Aujourd'hui, avec notre dernier congrès qui guide notre action et à l'aube de notre centenaire, plus que jamais renforçons le parti de la classe ouvrière, renforçons-le pour poursuivre le combat de Louis Tayenne.

Construisons un front unique de tous les travailleurs pour le renversement du capitalisme, pour le socialisme!




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