[Déclaration du Parti Communiste de Belgique : Exigé par la bourgeoisie dans le cadre européen, l'accord gouvermental a accouché de nouvelles attaques sur les pensions, contre les femmes et les travailleurs précaires et/ou privés d'emplois.]
Dans une gesticulation médiatique, les partis du gouvernement fédéral, y compris la gauche du Capital (PS et Vooruit) ont discuté et puis trouvé un accord pour réformer les pensions. Cet accord montre que le capital ne peut offrir une pension digne aux travailleurs et travailleuses.
Si la pension minimum a prétendument été augmentée à 1500 euros nets (ce qui reste largement insuffisant dans la conjoncture actuelle), les partis du gouvernement alourdissent les conditions à la pension minimum. Il faudra désormais 45 ans de carrière avec 20 années de travail effectif. Au final, peu seront ceux qui auront droit aux 1500 euros nets.
Les femmes ne sortent pas gagnantes de l'accord. Alors que la Ministre des pensions qui a prétendu avoir pris en compte les besoins des femmes et les inégalités en matière de pensions, les mesures décidées pour la retraite des femmes sont totalement inadaptées tant pour les conditions d'accès, le calcul de la pension minimale et surtout l'âge du départ à la retraite ou la pénibilité du travail. Il ne faut pas oublier qu'en 2022, les femmes retraitées vivent d'une pension de misère et de 33% en moins que celles des hommes.
Selon le Conseil fédéral de l'égalité des chances entre hommes et femmes, 42% des femmes travaillent dans des secteurs où le temps partiel est imposé comme le nettoyage, titres services, commerce, services aux personnes, santé, etc. Il faut noter que 80 % des 1.200 000 travailleurs à temps partiel sont des femmes et souvent en situation de monoparentalité. Elles ne réunissent pas les conditions pour un accès à une pension minimale. Actuellement, le système des pensions n'est pas égalitaire pour les femmes. Par exemple, 2/3 des travailleurs qui touchent une pension en dessous du seuil de pauvreté sont des femmes et vivent sous le seuil de pauvreté ! Les causes de cette situation sont le produit des inégalités structurelles du marché de l’emploi : travail à temps partiels des secteurs « féminisés » avec bas salaires, contrats flexibles, statuts précaires, CDD, discrimination à l’emploi, 24% écart de salaire hommes/femmes, etc. mais aussi le partage inégalitaire du travail et du soin dans la sphère privée poussent les femmes à travailler à temps partiel ; le modèle familialiste du système de pension et les droits dérivés ; la méthode de calcul du montant de la pension sur base du salaire perçu et de la durée de carrière.
Quant à la prime de 500 euros nets défendues par les libéraux pour inciter à travailler plus longtemps, elle démontre que la pension est insuffisante. Elle poussera de nombreux travailleurs et travailleuses à continuer à exercer, augmentant la concurrence avec les autres travailleurs, entre ceux qui ont un emploi et ceux qui en sont privés. Ce n'est évidemment pas sans lien avec la réforme du ministre de la Santé Vandenbroeck qui, pour faire face à la pénurie dans le secteur, appelle les retraités, les étudiants et des bénévoles à assurer le métier de médecins, infirmières et infirmiers. Durant les négociations, les libéraux ont également entretenu la division des travailleurs en faisant reporter la faute sur les travailleurs privés d'emplois qui ont évidemment droit à la pension minimum. Par ailleurs, avec une prime en net, il s'agit une nouvelle fois de contourner les cotisations sociales attaquant un peu plus la sécurité sociale.
Ensuite, les métiers pénibles, qui avaient été vendus comme une compensation à l’augmentation de l'âge légal de départ à la retraite à 67 ans, n'ont pas été abordés, démontrant qu'il ne faut jamais faire confiance à un gouvernement bourgeois.
La ministre social-démocrate Karine Lalieux a clairement choisi de défendre le second pilier au détriment du premier par répartition issu de la conquête ouvrière de la sécurité sociale au sortir de la deuxième guerre mondiale.
Durant toutes les négociations, les fédérations patronales ont posé leurs exigences avec des menaces contre la sécurité sociale. Ainsi le 14 juillet la FEB annonçait qu'il était minuit moins 5 pour la sécu avec un déficit de 4 milliards en 2022 qui pourrait augmenter jusqu'à 10 milliards dans 5 ans. Le patronat est le premier responsable de ce déficit puisqu'il contribue toujours moins à la sécurité sociale avec les remises de cotisations sociales patronales offertes par le gouvernement pour soi-disant aider à la création d'emplois alors qu'il s'agit 1) de maintenir le taux de profit des entreprises 2) de vider la sécurité sociale pour la privatiser ensuite.
Enfin, ces attaques contre la pension et la sécu ne peuvent être séparées de la réforme fiscale menée par le gouvernement fédéral. Ce sont des choix conscients de la bourgeoisie pour augmenter la compétitivité du capital et diminuer tout ce qui est lié au prétendu « coût salarial », permettant d'alimenter et d'augmenter sans vergogne les dépenses pour la guerre impérialiste : l'argent est facilement trouvé pour les F-35 (12,5 milliards d'euros) ou pour le budget de la défense (10 milliards supplémentaires).
Il est clair que si l'accord satisfait les représentants de la bourgeoisie, il ne peut être bon pour les travailleurs. Il démontre que les travailleurs (avec ou sans emploi, allocataires sociaux, étudiants) ne pourront compter que sur eux-mêmes et leurs propres forces pour arracher une vraie pension digne, qui permette de finir ses jours dans la dignité, en organisant la lutte pour une gestion de la sécurité sociale à 100% par les travailleurs et pour les travailleurs, en organisant la lutte
- pour la récupération des remises de cotisations sociales patronales offertes au patronat,
- pour la pension légale à 60 ans,
- pour un secteur national intégré et public de la santé où la fin de vie n'est pas la marchandise des Maisons de Repos et de Soins privées qui coûtent plus cher que le montant de la pension.
Une lutte de notre classe indépendante contre le capitalisme, les monopoles et les partis qui les défendent.
Le Comité Central du Parti Communiste de Belgique
Monceau-sur-Sambre, le 21 juillet 2022.
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